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Les CRS sont entrés à Lille 3


ÉDUCATION - «Le président remet les chaises! Un ouvrier! Bravo!» Des étudiants applaudissent. Le président de Lille 3 avait indiqué lundi que «jusqu'à présent» il s'était refusé à faire intervenir les forces de l'ordre à l’université. Il a changé d'avis un peu avant 16h30. Dans un hall quasi désert, selon les étudiants partis manifester, le président Jean-Claude Dupas s'est improvisé déménageur. Les CRS ont investi les locaux et délogé  tables et chaises. Les étudiants, revenus sur les lieux, n’ont pu que constater la présence policière. Eberlués.

Des étudiants qui discutent en petits groupes, pendant que les CRS jouent les déménageurs. Un grand blond de l'Union des étudiants communistes (UEC) : «On avait appelé au débloquage à partir de lundi. Plutôt que d'attendre et de faire confiance aux étudiants, il choisir la force». Julien Bruneel, de l'Unef : «C'est du symbole, il veut montrer qu'il a les choses en main, alors qu'il ne maîtrise plus rien. Je suis curieux de voir ce qui va se passer demain». Un malabar à oreillette demande aux gens de sortir. Fermeture des portes. Un étudiant : «Et nos affaires, à l'intérieur? Y'a un reponsable?» Un autre : «Ouais, un responsable des affaires intérieures?» Dehors, il fait noir, ça gèle. On regarde les CRS travailler à l'intérieur. Les étudiants agglutinés tapent sur la porte : «Debloquez la fac! On veut étudier!» Une fille : «Allez, on vous la prête, étudiez un peu!» Et puis : «Dupas démission! Dupas démission!». Là, les CRS sortent, et chargent dans la grand cour dallée. Lacrymos. Des étudiants courent. Des CRS courent. Des adolescents du quartier rigolent. Des étudiants chantent : «CRS en colère, le pastis il est trop cher». Quelques oeufs volent. Un pétard aux pieds des policiers. Sous les décorations de Noël, entre la fac et le Lycée Queneau, face à face. Nouvelle charge. Le jeu du chat et de la souris commence.

Un peu plus tôt vers 17h, le président de l'université a indiqué dans un communiqué que «la communauté universitaire» ne saurait «se résigner à devoir attendre chaque semaine le résultat d'un vote et à devoir se soumettre à des contrôles pour pouvoir étudier et enseigner. J'ai donc demandé l'intervention des forces de l'ordre afin de permettre l'accès libre à l'université, en toute sécurité (...) Dès demain vendredi 14 décembre, et jusqu'aux vacances, les enseignants pourront retrouver leurs étudiants afin de les aider à préparer au mieux les examens. Sous la responsabilité des présidents de jury, chaque fois que ce sera nécessaire, les contrôles continus seront aménagés, afin qu'aucun étudiant ne soit lésé».

En face, on est «en colère, et déçu». Dorothée, étudiante gréviste de Lille 3 : «Depuis le début, on invite le président de l'université à nous rencontrer, à venir à nos AG. Et sa seule réponse c'est les CRS».

La Confédération étudiante, dans un communiqué, a «regretté» le recours aux forces de l'ordre, mais apporte son soutien au président de l'université. «Une majorité d'étudiants s'était clairement prononcé contre le blocage lors du dernier vote administratif qu'une minorité d'étudiants a décidé de refuser, considérant que le vote à bulletin secret n'était plus souverain». Sud-Etudiant a condamné l'intervention et réclamé la démission de Jean-Claude Dupas.

Le dernier vote, lundi 10 organisé par les étudiants, par portail (les pour passent par une porte, les contre par une autre, comptés par deux pro blocage et deux anti) a donné 1271 pour, 1146 contre. Une semaine plus tôt, l'administration avait organisé un vote à bulletin secret au résultat inverse : 594 pour 1052 contre.

H.S.