Comparateur de rachat de crédit

«Les étudiants m'ont fait passer à l'action»


ÉDUCATION - Des enseignants-chercheurs contre la loi Pécresse ? Il y en a ? La question fait grincer des dents, car les opposants sont bien là, même s’ils ont des difficultés à se faire entendre. C’est une mobilisation qui croît sans se presser, entre motions déposées, pétitions en gestation, et assemblées générales

A l’université de sciences humaines de Lille 3, ils étaient une soixantaine ce mardi midi, à contre-courant du communiqué de leurs directeurs d’UFR ; sur le campus scientifique de Lille 1, ils sont plus de deux cents à avoir voté pour l'abrogation de la loi.

«Ce sont les étudiants qui m’ont fait passer à l’action», confie un maître de conférence récemment nommé, «mais la colère était déjà là. Cette loi est un cadre, mais qui ne fournit pas les conditions de son application, ce qui ouvre la porte à tous les dérapages. L’Etat délaisse une vision du monde de la recherche et la délègue aux présidents d’université

C’est une inquiétude majeure : la loi concentre un grand nombre de pouvoirs entre les mains de ces présidents d’université. Par exemple, ils ont désormais le champ libre dans le recrutement des enseignants-chercheurs, alors que la décision était auparavant collégiale. «Il y a un risque de clientélisme», estime Vincent Caradec, maître de conférence à Lille 3.

Les universitaires rencontrés ne sont pas opposés au financement des recherches par des entreprises privées, à condition de prévoir des garde-fous, pour que «l’enseignant maintienne seul les rênes de la connaissance». Ce dont ils ont peur, c’est d’un désengagement de l’Etat. «Que vont devenir les recherches qui n’intéressent pas les entreprises ?», s’interroge Laurence Le Douarin. «Certes, il faut assurer des débouchés attractifs aux étudiants, mais sans pour autant délaisser la progression des savoirs, et pas seulement ceux qui sont pragmatiques et qui répondent aux désirs du marché.»

A l’AG de Lille 3, le sentiment prédominant est celui d’avoir été floué, avec une loi «passée en catimini» et une concertation «à la hussarde». Demain, une assemblée générale des enseignants-chercheurs de toute la région est prévue à la cité scientifique de Villeneuve d’Ascq, à Lille 1, bâtiment SN1, à midi.

Stéphanie Maurice