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«Une centrale au gaz, c'est pas pour nos beaux yeux»


ECO-TERRE - C'est un projet de centrale de production d'électricité par le gaz à Monchy-au-bois près d'Arras. Le préfet du Pas-de-Calais vient de signer l'arrêté qui lance les travaux. Trois associations de riverains et 140 médecins n'en veulent pas. Ils la jugent inutile, et mauvaise pour la santé. Interview de Jean-Marc Chatelet, retraité, et .

Qu'avez-vous contre ce projet de centrale au gaz?
Il n'a pas d'utilité. Le Conseil régional s'est prononcé contre. La région Nord Pas-de-Calais produit plus d'électricité qu'elle n'en consomme. On nous répond qu'il ne fait pas raisonner au niveau régional. Nous maintenons qu'elle n'est pas utile. Elle ne va apporter des nuisances.

Lesquelles?
Des rejets de gaz à effet de serre, d'abord. Ça n'a pas de conséquence directe sur les habitants du territoire, mais ça en a sur les habitants du monde. C'est 1 million de tonnes de CO2 par an, chiffres qui ne sont contestés par personne. On sait qu'on est déjà à 2 millions de tonnes dans la région. Ça veut dire une augmentation de 50%, rien qu'avec cette centrale. On va brûler du gaz pour faire tourner une turbine pour produire de l'électricité, et consommer pour ça l'équivalent de la consommation ménagère d'une ville de 50.000 habitants. Ensuite, les rejets toxiques, sur les habitants de la région : oxyde d'azote, dioxyde de souffre, dioxyde de carbone, particules fines. 140 médecins, généralistes et spécialistes, ont signé une lettre commune, remise au préfet. Enfin, la dernière raison, c'est qu'on ne veut pas dénaturer notre territoire rural.

Vous n'êtes pas en train de dire : «Votre centrale, installez-la plus loin, on n'en veut pas chez nous»?
On nous dit qu'on a besoin de centrales à gaz pour répondre aux pics de consommation d'électricité. Il n'en faut pas des milliers. Un plan national a fixé les besoins à 15 centrales, il y en a 10 pour l'instant, et déjà deux dans le Nord Pas-de-Calais. Les régions déficitaires en électricité en cas de pic sont la Bretagne et Provence Alpes-Côte d'Azur. Nous, on en a déjà deux, une à Dunkerque, et une à Pont-sur-Sambre, dans l'Avesnois.

Il y a l'argument de l'emploi.
C'est vrai que c'est un point positif. Ce sera un chantier de trois ans, qui va donner du travail à 100 à 300 ouvriers, puis 35 emplois permanents quand la centrale fonctionnera. C'est toujours 35 chômeurs de mois. On ne le néglige pas, notre association s'appelle «Transparence, développement, et ruralité». On n'est pas des vieux archaïques, on est pour le développement, mais pas à n'importe quelle condition, dans le cadre d'un débat démocratique, et pas au détriment de la santé des habitants. Ce qui est sûr, c'est qu'une centrale au gaz, ce n'est pas pour nos beaux yeux qu'elle s'installe. Alpiq vient pour vendre son électricité très, très, cher.

La prochaine étape pour vous?
On est une petite association avec peu de moyens. Pour l'instant, on travaille sur l'arrêté du préfet avec nos avocats. On essaiera d'aller le plus loin possible, on est prêt à aller jusqu'au tribunal administratif.

Recueilli par Haydée Sabéran