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A Lille, des associations ne veulent pas se marchander


ÉCO-TERRE - Cela peut paraître anodin, comme cela, un appel d'offres. Mais derrière, peut se jouer la récupération des bonnes idées nées du secteur associatif par le secteur marchand. Exemple, le tri des déchets : d'abord une affaire d'associations militantes, dont les initiatives ont intéressé puis convaincu les politiques... qui les ont fait entrer dans le secteur marchand, avec des appels d'offres ouverts à tous. "Aujourd'hui, les majors du traitement des déchets ont pris le relais des entreprises de l'économie solidaire qui s'en occupaient", constate la MRES (Maison régionale de l'environnement et de la solidarité), un collectif d'associations militantes dans le domaine du développement durable. Avec une déviance de l'idéal d'origine : "Quand les associations ont impulsé ce travail sur le tri, le déchet le plus intéressant, c'était celui qui n'existait plus. Maintenant, il faut que les déchets existent pour qu'il y ait une rentabilité de l'".

Surtout, la MRES dénonce l'usage croissant de l'appel d'offres dans nombre de secteurs qui relèvent d'habitude du champ associatif. Et en parallèle, elle constate une baisse des subventions. Ce qui veut dire que les collectivités territoriales jouent à un jeu dangereux : la mise en concurrence des associations. Ce qui n'entre pas franchement dans les principes de base du volontariat. Ainsi, le Conseil général du Nord a lancé un appel d'offres sur l'éducation à l'environnement. Voilà les associations de la MRES bien embêtées : certains voulaient boycotter l'appel, pour ne pas entrer dans ce système de marchandisation de l'économie non-marchande. Finalement, les associations ont choisi de se grouper et de donner une seule proposition collective, manière de refuser de se faire concurrence. Ce qui allait à l'encontre de l'esprit même de la MRES, qui parie sur le collectif et la mise en commun des savoirs.

A l'occasion de ses voeux, ce matin, la MRES a donc appelé les élus à refuser cette logique de l'appel d'offres, appliquée à tous les secteurs. Histoire de leur dire que non, l'Union européenne n'oblige pas à l'appel d'offres, puisque les collectivités territoriales ont la possibilité de choisir les services qui échappent au champ concurrentiel. Les villes de Lille et de Tourcoing, par exemple, ont choisi d'extraire ainsi du secteur marchand tout ce qui touche au social.

S.M.