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La ville de Borloo toute fière d'être écolo


ECO-TERRE - A Valenciennes, fief de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie et premier ministrable, on inaugurait hier en grande pompe le nouveau système de chauffage de l'hôtel de ville, qui récupère la chaleur des eaux usées, comprenez eaux des vaisselles, des toilettes et des baignoires. Plutôt drôle, surtout qu'on apprenait que l'Elysée allait faire de même dès 2011...

Aucun des orateurs, et surtout pas Valérie Letard, secrétaire d'Etat en charge des technologies vertes, Valenciennoise de souche, n'a oublié les deux mots magiques de la cérémonie : Grenelle de l'Environnement et Jean-Louis Borloo. Mission accomplie. On aurait eu mauvaise grâce à bouder devant le buffet, des verrines de purée de pois cassées toute verte, et la maquette explicative. Des capteurs de calories dans les égouts, où s'écoule une eau à 12°, réchauffent un circuit d'eau additionné d'antigel. Celui-ci passe par une pompe à chaleur qui augmente la température de cette eau et chauffe ainsi tout le bâtiment, 8 500 m2 tout de même.

Evidemment, comme il fallait faire ronfler les mots, ceci est une première nationale... tout de même limitée. Le système de la Lyonnaise des Eaux, nommé Degrés Bleus, fonctionne déjà ailleurs en France, et chauffe en particulier la piscine de Levallois-Perret. La particularité de Valenciennes, c'est la taille du bâtiment. L'hôtel de ville est un vieux et honorable grand machin, détruit dans des incendies plusieurs fois, dont la façade date du XVIIIIe et le dos des années 50. Pas vraiment facile à chauffer. La mairie espère économiser jusqu'à 80 000 euros par an grâce au tout nouveau "procédé révolutionnaire".

Oh la belle économie, s'extasiait donc le dossier de presse, qui avait gonflé le chiffre de 80 000 euros à 90 000 euros "à terme", après amortissement de l'investissement (tout de même 1,15 million d'euros), en spéculant sur la hausse du prix du gaz. Il oubliait aussi de dire qu'en plein milieu de l'hiver, quand la température tombe en-dessous de zéro, la pompe à chaleur ne pourra pas assurer le chauffage de l'édifice. Dans ce cas, c'est le bon vieux gaz qui prend le relais.  D'après le spécialiste de l'Ademe, l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, la pompe à chaleur va couvrir 77% des besoins totaux de chauffage, et l'économie réelle ne serait que de l'ordre de 50 000 euros. Et sur ces 50 000 euros, pour voir le vrai gain économique, il faut en retirer le coût de l'électricité que consomme la pompe à chaleur. Une somme "de l'ordre de 20 000 euros". Ce qui voudrait dire une économie, tout à fait substantielle, mais plutôt de l'ordre de 30 000 euros par an. Et avec le coup de pouce de l'Ademe, qui paye 79% de l'investissement pour favoriser la géothermie, l'avantage, c'est que c'est tout de suite rentable, 5% moins cher que le gaz dès la première année. Merci, le Grenelle !

Stéphanie Maurice