Comparateur de rachat de crédit

Sangatte : une dispute de dix ans, une digue sur le point de rompre


TERRE - Qui doit payer pour la rénovation de la digue de Sangatte, construite en 1729 ? Depuis dix ans, Etat, collectivités locales et syndicat des digues et des dunes accumulent les escarmouches sur la question. Résultat : le 7 février, trois à quatre mètres de la digue s'effondrent, à cause d'une forte marée. Ils sont colmatés d'urgence. Dans l'ancien estuaire de l'Aa, asséché par l'homme depuis le Moyen-Age, 450 000 personnes vivent aujourd'hui en dessous du niveau de la mer, entre Calais et Dunkerque. Le risque est lourd.
La loi date de 1807 et la préfecture du Pas-de-Calais ne s'est pas fait faute de la rappeler : " C'est aux riverains que la loi confère la responsabilité de protéger leurs biens contre la mer et d'en supporter la charge financière." En résumé, "l'Etat n'est responsable ni de l'état ni de l'entretien des ouvrages de défense contre la mer". Le communiqué de presse date du 10 février. Aujourd'hui, après la catastrophe en Vendée, les mots passent mal. Même si la préfecture rappelle qu'elle apportera son "soutien financier et technique" à l'entretien des digues.

Une association de riverains existe bel et bien, le Syndicat des digues et des dunes du Pas-de-Calais, qui perçoit des cotisations des villes et villages susceptibles d'être inondés. "Il touchait entre 30 et 50 000 euros par an", explique le maire de Sangatte, Guy Allemand, "alors que travailler en profondeur sur la remise en état de la digue coûte 3 000 euros au mètre linéaire." Rien que la digue de Sangatte court sur 1,8 kilomètre, tout au long bordée de maisons. Pas très loin, se trouve l'entrée du Tunnel sous la Manche. Mais dans cette région de polder, elle n'est pas la seule à devoir être entretenue. Guy Allemand reprend : "Pour l'Etat, les riverains sont propriétaires des ouvrages, puisqu'ils en assurent la maîtrise d'ouvrage. Il leur demande de supporter 20% des dépenses." Le syndicat n'en a pas les moyens. Il y a trois ans, ses membres ont démissionné en signe de protestation (cf Sangatte : au prochain coup de tabac, la mer passe