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«Ce pétrole brut, c'est notre trésor de guerre»


ÉCO-TERRE - Il se sont approchés des bacs de pétrole brut, cagoule sur la tête. Des salariés de la raffinerie Total de Dunkerque, bloquent 500.000 tonnes depuis ce matin. Dans leur raffinerie à l'arrêt depuis septembre pour surplus de stock, les salariés refusent la fin du raffinage à Dunkerque, mais commencent à parler de reconversion du site. Explications avec Philippe Wullens, délégué syndical Sud.

Vous avez bloqué le pétrole brut de la raffinerie de Dunkerque ce matin.
Nous avons enlevé les cellules électriques d'ouverture et de fermeture des vannes des bacs de brut. Ces cellules, qui ressemblent à des tiroirs de bureau, on les a conservées. Sur les grosses pompes de ces vannes, il y a des clés, on les a prises, et va les remettre bientôt au sous-préfet, à la Région, et au président de la Communauté urbaine de Dunkerque.

Pour quoi faire?
C'est une façon de leur demander de nous soutenir. On leur dit : «si vous donnez les clés à la direction de Total, ça veut dire que vous êtes avec eux». On ne fait pas du chantage avec ce pétrole, ni du sabotage, ni une prise d'otage. On veut que l'Etat, la Région et le local s'intéressent à nous. Ce pétrole brut, c'est notre trésor de guerre. S'ils rendent les clés, on ne l'aura plus, et ils seront complices.

Pourquoi bloquer?
On était dans l'oubli. Les médias ne s'occupaient plus de la raffinerie. C'est un appel à Total, avant le Comité central d'entreprise lundi, et un appel à nos collègues salariés des autres raffineries. On leur demande d'être solidaires, comme ils l'ont été.

Nicolas Sarkozy a annoncé des mesures pour l'industrie, comme la promotion par la France d'une «taxe carbone» aux frontières de l'Union européenne.
Ça peut être une solution, pour empêcher les industries de délocaliser. Si Total raffine le pétrole en Inde ou en Arabie Saoudite, il faudra le payer plus cher. Leur main d'œuvre est moins chère, leurs contraintes environnementales sont plus faibles, il faut donc se rattraper sur les taxes. Le projet de Total, pour 2013, c'est une raffinerie de 21 millions de tonnes à Djubaï, trois fois la raffinerie de Dunkerque. Dans des pays sans syndicalisme, sans code du travail, sans Bruxelles, et sans Dréal (1) pour demander des comptes, c'est un peu facile.

Autre mesure, des «prêts verts» bonifiés pour favoriser les «investissements propres».
Nous, notre objectif, ce n'est pas de raffiner 10, 15 ans. On peut comprendre qu'on vendra de moins de gazole, de pétrole, de fioul. On est prêt à convertir notre raffinerie, pour ne pas être délocalisés.

Convertir pour faire quoi?
A eux de trouver, avec leurs milliards de bénéfices. La transformation du méthane en produit liquide, par exemple. Et en attendant, on continue à raffiner. On ne peut pas rester sans travail.

Prochaine étape?
Lundi midi, on est à la Défense, pendant le comité central d'entreprise. Départ à 6h30 de Dunkerque.

Recueilli par Haydée Sabéran

(1) Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement.