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Francis Evrard condamné à 30 ans de prison


PROCÈS - «Une grenade dégoupillée dans les rues de Roubaix, le 15 août 2007». Voilà comment son avocat a décrit cet après-midi Francis Evrard, jugé à la cour d'assises du Nord à Douai, quelques heures avant que l'accusé soit condamné à 30 ans de réclusion, assortie d'une peine de sûreté de 20 ans, et d'un suivi socio-judiciaire de 20 pour l'enlèvement, la séquestration, le viol, d'Enis, 5 ans.

«Vous êtes seul, cette solitude nous saute aux yeux», lui a dit quelques instants plus tôt Luc Frémiot, l'avocat général, «je vous demande de vous souvenir de ce qui s'est passé, de ces yeux d'enfant dans le noir». Francis Evrard aurait été violé, selon lui, à 10 ans, et a commencé à violer des enfants à l'âge de 16 ans, il y a 47 ans, et il ne s'est arrêté de le faire que lorsqu'il a été enfermé. La plupart des experts qui l'ont examiné l'ont jugé susceptible de récidiver. Un expert-psychiatre l'a qualifié de «pédophile pervers structurel» et de «prédateur».

Vacances. A sa sortie de prison le 2 juillet 2007, Francis Evrard aurait dû bénéficier d'un suivi socio-judiciaire sensé l'empêcher de recommencer, mais c'était les vacances, la juge d'application des peines n'était pas là, et son remplaçant n'a pas suivi le dossier. Une justice «imparfaite avec des moyens médiocres», analyse l'avocat général Luc Frémiot, qui reconnaît un «dysfonctionnement, c'est clair». Il pense quand même que ça n'aurait «rien changé», parce qu'il fallait «entre deux et six mois pour obtenir un rendez vous avec un psychiatre». Même chose pour la prescription de Viagra par le médecin généraliste de la prison. Francis Evrard aurait pu se le faire prescrire par le premier médecin de ville venu, à sa sortie.

«Vous êtes l'erreur du système, on ne peut rien pour vous», lâche Luc Frémiot, «je ne veux pas faire de pari sur la tête d'enfants, que vous aller changer». Il avait requis la perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22, et un suivi socio-judiciaire illimité.

Après le verdict, l'avocat d'Enis et de son père a estimé que le nombre d'années de prison est «adapté». Le père d'Enis : «[Enis] se prend déjà pour le superman des enfants, il dit que grâce à lui les autres enfants vont être sauvés. Je vais lui dire qu'il [Francis Evrard] ne sortira plus pendant très très très longtemps il va être content ».

Cheveux gris. Satisfait aussi, l'avocat de Francis Evrard, Me Jérôme Pianezza : «On a re-prononcé une obligation de soins ça veut bien dire que la cour d'assises a considéré qu'on n'avait pas tout essayé». Pendant sa plaidoirie, il avait dit : «un jour on soignera les pédophiles, un autre Francis Evrard ne sera pas dans cette cage de verre, mais dans un établissement adapté, plus ou moins fermé». Il a rappelé que Francis Evrard, «pas né avec une moustache et des cheveux gris», avait été un enfant élevé avec les coups, violé , qui a erré de fugues en maison de correction, et de «centre d'observation et de triage» en prison. Sans soins psychiatriques avant ses 54 ans.

Le 2 juillet 2007, quand il est sorti de prison, «paumé, seul, dépensier, isolé», puis sans domicile, vivant dans un garage, et de nouveau, il est redevenu dangereux. Les yeux fixes, lunettes au bout du nez, tête dans les épaules, Francis Evrard avait demandé, quelques heures avant le verdict à être traité «comme un être humain».

Haydée Sabéran