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Eric Quiquet (Verts) : "Personne ne nous imposera des parachutés"


POLITIQUE - Eric Quiquet, adjoint Vert de Martine Aubry à la mairie de Lille, tire son bilan de l'université d'été organisé par son parti et Europe Ecologie. Et avertit pour la campagne des Régionales : "Nous ne voulons pas qu'un petit groupe compose les castings pour les 22 régions. L'espace laissé par Daniel Cohn-Bendit a ouvert des appétits mais personne ne nous imposera des parachutés."

Quel bilan tirez-vous de votre université d'été, qui vient de se clôturer à Nîmes ?
On sent bien qu'une nouvelle page de l'écologie politique est en train de s'écrire. Même s'il faut être prudent. Il y a eu une forte abstention aux dernières Européennes, ainsi que les difficultés de nos partenaires de gauche. Ce n'est pas la première fois que les Verts doivent gérer des victoires électorales, je pense par exemple aux Européennes de 1999, où Dany [Daniel Cohn-Bendit ndlr] ramène près de 10% des voix. Nous ne devons pas être amnésiques de notre propre histoire. Regardez le Modem, il a eu le succès d'une élection, mais ce capital a aujourd'hui disparu. La construction d'un parti politique prend du temps, mais les Verts ont désormais 25 ans. Nous avions au début des positions ultra-minoritaires, aujourd'hui, tout le monde nous a rejoint. Je crois que les rapports de force au sein de la gauche se transforment profondément. Il n'y a plus un parti dominant et des satellites.

Ce qui explique que les Verts feront cavalier seul au premier tour des Régionales...
L'une des conséquences heureuses du score des Européennes, c'est que nous avons la nécessité de défendre notre projet politique singulier au premier tour. Nous devons le présenter devant les citoyens et en débattre. Certains camarades avaient l'habitude de rester bien au chaud au sein de listes d'unions, ce qui n'est pas le cas dans la région, qui a une tradition de l'autonomie politique. Mais faire l'union dès le premier tour, c'est une façon de disparaître du paysage politique, vous n'apparaissez même plus dans les sondages. Au second tour, on se rassemble pour faire gagner son camp, la gauche. De plus, quand vous avez l'appui du suffrage universel, cela permet de tenir un certain nombre de choses au sein de la majorité d'union à laquelle vous appartenez.

Quel est l'ambition des Verts pour les Régionales dans le Nord-Pas-de-Calais, Région qui a déjà été Verte ?
Nous voulons pousser le plus loin possible le rapport de force électorale, pour que l'accord de gestion que nous discuterons contiennent les éléments majeurs de transformation écologique de cette région. Nous avons obtenu 20% des voix à Lille, c'est ce que nous visons à nouveau. Mais notre score au niveau régional n'est pas celui de l'Ile-de-France, en particulier dans le Pas-de-Calais. Notre responsabilité politique est d'entrer en dialogue avec le monde du travail, de montrer que notre projet de conversion économique est crédible. C'est dire par exemple aux ouvriers de l'automobile dont certains emplois sont condamnés structurellement, avec la flambée inéluctable du pétrole, qu'on peut les faire passer sur d'autres métiers, comme la rénovation des bâtiments. Nous croyons aussi à une économie de la fonctionnalité, en produisant sur place les produits et en les faisant vivre le plus longtemps possible grâce à des métiers de service, en développant la réparation. Les combats de la fin du mois et de la fin du monde sont liés.

Les Verts vont-ils ouvrir leur liste à des personnalités extérieures, comme aux Européennes ?
Nous avons une relation de confiance avec Europe Ecologie, nous sommes sur de l'inédit. Nous voulons nous ouvrir à la diversité de la société. Nous avons ouvert très fortement nos listes aux Européennes, nous le reproduirons aux Régionales. Mais ce seront les écologistes du Nord-Pas-de-Calais qui choisiront les personnalités non-Vertes. Nous ne voulons pas qu'un petit groupe compose les castings pour les 22 régions. L'espace laissé par Daniel Cohn-Bendit a ouvert des appétits mais personne ne nous imposera des parachutés.

Que pensez-vous du rassemblement organisé par Vincent Peillon (PS) ce week-end, qui allait du PC au Modem, où était présent Daniel Cohn-Bendit ?
Il y a un principe de réalité. Dans notre Ve République, le scrutin présidentiel structure la vie politique. Tant qu'on n'a pas un candidat crédible pour battre la droite, on restera dans l'opposition. Un candidat de la gauche choisi par le peuple de gauche peut être quelque chose d'intéressant. Nous n'avons pas de leader chez les Verts, nous l'avons payé en 2007 avec 1,57% des suffrages. Peut-être que chez nous une personnalité va émerger... Mais je crois que les Verts pour la Présidentielle se poseront la question : quel est le bon scénario pour battre la droite ? Pourquoi pas s'impliquer dans un processus de primaire, mais il faudrait d'abord des Etats généraux du projet politique.

Recueilli par Stéphanie Maurice