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Agression sexuelle à Lille : la mère de la victime tente de se faire justice


FAIT-DIVERS - La mère d'un enfant de sept ans, victime d'une agression sexuelle dans les toilettes de Lille-Plage, a voulu se faire justice elle-même. L'agresseur, un jeune homme de 19 ans, connu pour des faits similaires, avait été relâché et placé sous contrôle judiciaire, et devait être jugé le 19 octobre prochain. Hier soir, elle l'a retrouvé à son foyer d'hébergement de Roubaix pour lui donner une correction. Les travailleurs sociaux ont rapidement mis fin à ses projets, la mère est en garde à vue. Le procureur de la République de Lille, Philippe Lemaire, veut désormais calmer les esprits

Pouvez-vous nous expliquer le contexte de cette affaire ?
Philippe Lemaire - On est dans une affaire où il y a de l'émotion, et c'est normal. On essaie de trouver les bonnes solutions, et vous voyez les difficultés que nous rencontrons, quand, pour une fois, on essaye d'éviter la prison. Nous avons affaire d'un côté à un jeune majeur très destructuré, déjà condamné pour des faits similaires, qui est suivi, mais avec les difficultés que l'on sait l'été. Il a cessé de prendre son traitement. Si on le recadre et s'il prend son traitement, on ne devrait plus connaître de problème. De l'autre côté, il y a une mère de famille qui connaît aussi des difficultés sociales, qui a douze enfants, dont certains sont placés, et qui a déjà au des rappels à la loi pour des affaires de violences.
Il n'y a pas intérêt, pour vous, de placer ce jeune majeur en prison ?
Nous savons très bien que la prison n'apportera rien à ce gamin, qu'il ne changera pas là-bas. Il a des pulsions sexuelles, mais qui sont soignées. Il relève plutôt de structures sociales-sanitaires, que nous n'avons pas. Mais le foyer où il est à Roubaix n'est pas mal du tout.Tant que quelqu'un lui dit de prendre son traitement, tout va bien. Nous avons décidé de resserrer les boulons : il est soumis à un contrôle judiciaire et doit se présenter régulièrement devant un juge ; il a une obligation de soins ; un éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse va arriver en soutien, pour bien le recadrer.
Et du côté de la mère de la victime ?
Cela fait un moment que la mère ne respecte plus la loi. On va remettre les choses un peu à plat avec elle, lui rappeler que montrer à son enfant l'image d'un adulte agissant impulsivement, ce n'est peut-être pas bien. Elle est en grande difficulté sociale. Pour l'instant, elle est en garde en vue. Il est hors de question que les uns et les autres se fassent justice. D'ailleurs, je voudrais rectifier : elle affirme avoir donné dix coups de matraque [dans la Voix du Nord d'aujourd'hui, ndlr], en fait elle a asséné un coup de poing sur le crâne, les travailleurs sociaux sont ensuite immédiatement intervenus.
Comment va l'enfant ?
Il a été vu par un psychologue, et on a mis en place auprès de la famille un dispositif de l'association d'aide aux victimes.
Quelles suites vont être données à cette affaire ?
La justice passera pour les deux. Le procès du jeune homme est fixé au 19 octobre, nous n'avons pas perdu de temps. Elle, elle sera sans doute convoquée. Ce qui nous interpelle, c'est la manière dont elle a eu l'adresse du foyer où logeait le jeune homme. Il y a sans doute des liens de connaissance que nous devons éclaircir, car il faut séparer les protagonistes. On essaye de calmer les esprits.

Recueilli par Stéphanie Maurice