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La fièvre du samedi soir de six CRS


POLICE  - C'est l'histoire de six CRS en civil qui sortent en boîte, se déchaînent sur quatre jeunes à coups de bombes de gaz lacrymogènes, et détruisent leur voiture à coups de matraques anti-émeutes. Ça c'est passé samedi soir, à la sortie du Kreul Hoeck, à Wormhout,  dans le Nord. 

La soirée avait bien commencé, pour quatre garçons sans histoire, âgés de 18 à 20 ans. Ils habitent Saint-Pol-sur-mer près de Dunkerque, et ils vont faire la fête. Dans la discothèque, ils se fritent avec huit inconnus, âgés de 25 à 35 ans, une «histoire de bouteille, quelque chose de très bénin, comme il en arrive tous les samedis soir», raconte le procureur de Dunkerque, Philippe Muller.

Les quatre garçons savent-ils que leurs interlocuteurs sont CRS? Le procureur l'ignore, mais selon lui, les policiers sont connus comme tels par la direction de la boîte. A ce stade, les huit hommes sont en civil, et à peu près calmes. Pas de bagarre, pas de coup, ça ne va pas plus loin que les mots. Ils s'en vont.

Epave. Quatre heures du matin, les quatre jeunes sortent de boîte et reprennent leur voiture. Six des huit policiers surgissent, avec, à la main, des matraques anti-émeute, et des bombes lacrymogènes. Ils explosent une vitre, et vident leurs bombes de lacrymo sur les passagers. Puis ils brisent les vitres une à une, blessent au passage à la tempe un jeune assis dans la voiture, qui lui laisse, 24h plus tard, «une légère marque rouge au niveau de la pommette», précise le procureur. A force de taper sur la voiture, ils la transforment en «épave», ajoute le procureur, «les dégâts sont considérables».

Les CRS en civil sont originaires de Dijon, et en poste sur la côte pour l'été, affectés à la surveillance des plages et des autoroutes. Quand ils quittent la boîte, ils passent à leur hôtel, à Socx, à 7 kilomètres, et reviennent à six avec leur matériel. Ils attendant que les quatre jeunes sortent. Trois s'étaient installés dans la voiture quand les policiers ont surgi. Les jeunes ont porté plainte lundi. La gendarmerie a retrouvé l'identité des policiers en passant par la direction de la boîte. «Puis elle a contacté le chef de corps, qui leur a dit qu'effectivement; il avait des gars qui étaient partis en boîte cette nuit là. Il a donné sans aucune difficulté les noms des personnes qui étaient sorties», indique le procureur.

Alcool. Les agresseurs ont reconnu les faits, mais disent ne pas avoir porté de coups sur les jeunes, sauf que «lorsqu'on tape sur des vitres de voiture avec des gens à l'intérieur, c'est difficile de voir sur quoi on tape», glisse le procureur. Il mettent l'agression sur le compte de l'alcool. Ils doivent comparaître le 4 septembre devant le Tribunal correctionnel de Dunkerque. Ils ont été mis en examen pour violences en réunion avec armes et préméditation, et dégradations. Les quatre garçons n'ont pas la présence d'esprit d'aller chez le médecin pour faire constater les blessures, donc aucune interruption temporaire de travail n'a été constatée. Le procureur insiste sur le fait que les quatre jeunes gens sont «sans passif avec la police, sans histoire, et sans casier judiciaire». Les policiers, eux, risquent jusqu'à sept ans de prison.

Haydée Sabéran

LA SUITE - Les CRS ont été jugés à Dunkerque le 3 septembre. Huit mois de prison avec sursis ont été requis. Jugement mis en délibéré au 24 septembre. (Avec AFP)