MONDE - Actualisé le 10/07/09 - Clotilde Reiss, ancienne étudiante de Sciences Po Lille, accusée d'espionnage en Iran, racontée par la normalienne Leili Anvar, son professeur de littérature persane à l'Institut national des langues et civilisations orientales.
La jeune femme, lectrice à l'université d'Ispahan depuis cinq mois est détenue en Iran depuis le 1er juillet. Pour avoir communiqué par mail au sujet des manifestations en Iran, elle est accusée d'espionnage.
Comment Clotilde Reiss s'est elle intéressée à la langue persane?
Elle a commencé à étudier le persan parce qu'elle avait des amis iraniens, a-t-elle indiqué dans son dossier. Elle était excellente, elle s'est mise au persan tôt, adolescente. Quand elle est entrée à l'Inalco, elle avait déjà un très bon niveau, on l'a directement fait passer en deuxième année.
Quel genre de jeune fille est-elle?
Très intelligente, très passionnée et très persévérante. Et c'est en même temps quelqu'un de très doux. C'est pour ça que j'ai du mal à l'imaginer, d'abord comme espionne, c'est invraisemblable, et ensuite dans une geôle iranienne. C'est épouvantable. Pour tenir le coup à la prison d'Evin, il faut être retaillé psychologiquement. D'arès les échos que j'en ai, je n'aimerais pas y passer même 24 heures. Elle, elle y est depuis une semaine.
Etait-elle consciente des risques?
Pas du tout! Mais moi non plus, je n'ai jamais pensé qu'il y avait un risque pour elle. Quand j'ai appris qu'une universitaire avait été arrêtée, j'ai pensé à une binationale, comme Azadeh Kian, par exemple. Je n'ai pas pensé une seconde que ça pouvait être une «pure» française comme Clotilde. Depuis plusieurs jours je me renseignais, en me demandant qui ça pourrait être. Je n'ai pas pensé à elle. Ce n'est pas possible, pas Clotilde. Clotilde espionne, si ça n'était pas tragique, ce serait comique. J'imagine qu'ils veulent l'utiliser comme monnaie d'échange. C'est grotesque.
Recueilli par Haydée Sabéran
Vendredi 10 juillet à 15h30 à l'hôtel de ville de Lille, rassemblement pour Clotilde Reiss avec Martine Aubry, des associations de défense des droits de l'homme et l'IEP de Lille. Le portrait de la jeune femme sera exposé dans le grand hall de la mairie.
Clotilde, de Lille à Ispahan, jusqu'à la prison d'Evin