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RSA : « Nous, on n'y comprend rien »


SOCIAL - « On leur souhaite bien du plaisir , aux Pôles emploi! », se marre un travailleur social. Car le RSA (revenu de solidarité active), par un coup de baguette magique, va envoyer un paquet d'anciens Rmistes vers les Pôles emploi, déjà surchargés. Tous ceux qui seront « employables. » Le ministère préfère dire « disponibles à l'emploi ». Sur quels critères ? Mystère et boules de gomme. Avec quel accompagnement social ? Sans doute aucun.  L'Uriopss, fédération d'associations du domaine social, a tenu un séminaire sur la question, lundi dernier.  

Catherine Duroyon, qui touche le RMI depuis un an, s'exclame : « Moi, j'ai reçu une lettre qui me disait que je n'avais plus de référent, que je devais aller au Pôle emploi. » Ce qui ne la réjouit pas : « Au Pôle emploi, on dirait qu'on les dérange. Quand on entre dans le bureau, on est vite éjecté. Mon dernier entretien, il a duré cinq minutes. On a telle et telle offre, ça ne vous convient pas, au revoir. Mon référent RMI, il est plus à l'écoute. » Elle suit une formation et espère devenir aide-soignante.
« Aujourd'hui, on dissocie l'accompagnement social de l'insertion professionnelle », explique Francis Calcoen, président de l'Uriopss Nord Pas-de-Calais. Ce n'est pourtant pas si simple de démêler les écheveaux des parcours personnels. Comment penser à trouver un travail quand on a des difficultés de logement ou de santé. C'est le cas d'Yves Bienaimé. Il est cassé de partout, a connu la vie dans la rue, avant de retrouver un hébergement et un rythme de vie plus stable. Aujourd'hui, il essaye de faire reconnaître son handicap, le médecin lui interdit de soulever le moindre poids. Mais il est totalement perdu dans les dispositifs. « On m' a dit, il faut aller à l'Assedic pour faire le dossier, et après à l'ANPE. Maintenant, c'est Pôle emploi, je dois refaire un dossier. Ils m'ont dit, il faut un médecin du travail, j'y suis allé. Mon médecin personnel a envoyé tout mon dossier médical à Pôle emploi, mais maintenant ils me disent qu'il faut que j'aille voir un spécialiste. » La volonté de remise au travail du gouvernement a ses limites. Reine Josse, qui travaille à Contact, une association d'insertion dans le Cambraisis, soupire : « Un tiers des Rmistes que je connais peut travailler avec un coup de pouce, dans un contrat aidé, par exemple. Un tiers n'est pas dans les conditions d'un retour à l'emploi, parce qu'il y a trop de freins, logement, santé, la préoccupation du travaill n'est pas la première. Et le dernier tiers est trop éloigné de l'emploi. » Quand on demande aux nouveaux allocataires du RSA ce qu'ils en pensent, ils prennent une tête perplexe : « Vous savez, nous, on n'y comprend rien. »

S.M.