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Migrants à Calais : un bénévole en procès


JUSTICE - Ce matin, Jean-Claude Lenoir, vice-président de l'association Salam, qui aide les migrants à Calais, comparaît devant le tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer, pour "outrage à dépositaire de la force publique". Il aurait insulté des CRS en leur lançant "allez-vous faire voir bande de cons".Ce que conteste vivement l'intéressé.


Pour les associations qui défendent les droits des migrants, le délit d'outrage sert à mettre la pression sur les bénévoles, pour les dégoûter. L'aide aux migrants, ce sont des repas et des soins. Pour les autorités françaises, cette aide humanitaire créerait ce qu'elles appellent un "point de fixation", censé attirer passeurs et clandestins.

Jean-Claude Lenoir est un récidiviste : il a déjà été condamné à un mois avec sursis pour des faits de nature similaire, il risque donc la prison ferme. Il avait aussi été condamné en 2004 pour aide au séjour irrégulier, mais dispensé de peine. Rappelons que le ministre de l'Immigration, Eric Besson, soutient que personne en France n'a été condamné pour délit de solidarité.

Le contexte des faits qui lui sont reprochés cette fois-ci ? Des opérations policières de grande ampleur, visant des "passeurs", selon la préfecture. A l'époque, en novembre 2008, est encore envisagé d'affréter un charter à destination de Kaboul, une coopération franco-britannique, pour renvoyer des réfugiés dans leur pays. Jean-Claude Lenoir, avec d'autres bénévoles, veut assister aux arrestations.

Le 7 novembre, dans la nuit, un hélicoptère survole la jungle, un petit bois près du port de Calais, où dorment les réfugiés. Alertés, les bénévoles arrivent. Jean-Claude Lenoir raconte : "Un CRS m'a bousculé, et les cinq ou six autres m'ont envoyé en l'air, chacun m'a attrapé une jambe ou un bras, et je ne touchais plus terre. Je me suis retrouvé torse nu, je suis traîné à terre. Je crie, arrêtez de me faire mal, mais à aucun moment je n'ai résisté." Il se retrouve au poste. "A ma première déposition, l'OPJ écrivait une autre réponse que celle que j'avais faite. J'ai réfusé de continuer à déposer. A ma deuxième déposition, j'ai compris que le chef d'inculpation changeait sans arrêt. On m'a d'abord reproché d'avoir dit "bande de cons", puis ensuite "allez vous faire voir", et enfin "allez vous faire foutre". C'est un jeu de manipulation, je n'ai insulté personne", affirme-t-il. Jugement le 23 juillet.

Stéphanie Maurice

Voir aussi l'interview complète de Jean-Claude Lenoir au moment des faits