Comparateur de rachat de crédit

Iran : «C'est une révolte de désespoir, pathétique»


MONDE - Aujourd'hui, Le Collectif iranien pour la défense des droits civiques en Iran de Lille appelle à un rassemblement à 18h, place de la République. Il veut manifester son soutien au peuple iranien et protester contre la répression en oeuvre dans son pays d'origine. Interview de Saïd Djavadzadeh-Amini, médecin au CHR de Lille.

Pourquoi ce rassemblement ?
Nous voulons montrer notre désaccord face aux événements qui se passent en Iran, mais surtout soutenir ce peuple qui souffre. Nous sommes contre toute forme de violence. Certains pensent que les événements vont être utilisés comme un prétexte d'intervention en Iran. Nous voulons aussi réaffirmer que nous sommes pour la souveraineté du peuple iranien.

Dans les images que l'on voit sur Twitter, sur Facebook, on est frappé par la présence massive des jeunes et par le rôle des femmes...
En Iran, plus de 60% de la population a moins de trente ans. Le taux de chômage est très élevé, ce qui veut dire qu'il n'y a pas d'avenir pour eux. Et les femmes subissent plus encore que les hommes les contraintes du régime. L'avenir du pays est sur les épaules des jeunes et des femmes

Pourquoi Mir Hossein Moussavi a suscité tant d'espoir ?
D'abord, il faut bien comprendre que tous les candidats à l'élection présidentielle acceptent les règles de gouvernement islamique, avec un guide suprême qui contrôle tout. Ils sont passés par le filtre des mollahs, d'un conseil de sages, avant de pouvoir être candidat. Donc, parmi eux, aucun ne s'oppose au régime actuel. Il y a cependant des différences dans la pratique du pouvoir. Le président actuel, Mahmoud Ahmadinejad, est très conservateur et a une vision personnelle sur la gestion du pays, archaïque. Ses positions à l'international peuvent mettre en danger le pays. Mir Hossein Moussavi est un réformateur, un conservateur modéré. C'est pour ces différences que les gens ont pris la peine d'aller voter.

Comment qualifiez-vous ce qui se passe en Iran ?
C'est une révolte du désespoir, tout à fait pathétique. L'espoir que portait Mir Hossein Moussavi a été trahi avec les fraudes massives lors du résultat de l'élection.

Quelles nouvelles avez-vous de Téhéran ?
On ne sait pas vraiment ce qui se passe. Les Iraniens pour la majorité ne veulent pas de violences. Ils font tout pour éviter un bain de sang. Mais nous avons peur que cela se termine avec des milliers de morts. Il y a surtout un risque de guerre civile. Le pays peut sombrer dans un chaos total. Dans les quartiers populaires, des jeunes ont été endoctrinés, ils croient encore aux bienfaits du régime, grâce aux pétrodollars. Mais il faut faire avancer les choses avec le moins de dégâts, les dégâts étant des vies humaines.
Recueilli par S.M.

Le dossier