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Fusion : «Le chômeur, lui, attend des vraies réponses»


SOCIÉTÉ - La fusion ANPE-Assedic? «On nous fait croire que c'est l'arme absolue contre le chômage. C'est une escroquerie intellectuelle. Et encore, je ne sais même pas si c'est intellectuel». Bernard Gallo, conseiller emploi à Arras, en grève, est inquiet. Comme d'autres agents nordistes de l'ex-ANPE et de l'ex-Assedic, désormais Pôle-emploi. Grévistes ou pas, syndiqués ou pas, contre la fusion, ou pas. SOCIÉTÉ - La fusion ANPE-Assedic? «On nous fait croire que c'est l'arme absolue contre le chômage. C'est une escroquerie intellectuelle. Et encore, je ne sais même pas si c'est intellectuel». Bernard Gallo, conseiller emploi à Arras, en grève, est inquiet. Comme d'autres agents nordistes de l'ex-ANPE et de l'ex-Assedic, désormais Pôle-emploi. Grévistes ou pas, syndiqués ou pas,

Inquiets pour eux : «On va être formés en cinq jours au travail de nos collègues rigole Christian, ex-ANPE, non-syndiqué, même des gens brillants comme nous, on va pas y arriver!» En gros, les gens de l'Assedic calculent les indemnisations des chômeurs, et les gens de l'ANPE essaient de leur trouver du travail. «Nous, on ne sait pas où on va, ce qu'on va faire. Le chômeur, lui attend des vraies réponses.»

Inquiets aussi pour les chômeurs : «Pour l'instant le gars, il est reçu entre dix et vingt minutes. Trop court. Il se décourage. S'il ne vient pas au rendez-vous suivant, il est radié, par informatique.», dit Christian. Patrick, CGT, ex-Assedic : «On ne veut pas être des machines à radier».

«Fragiles». Avec le Pôle-emploi, on passe de 80 chômeurs par agent «en moyenne» à 60, voire 30 pour les «catégories les plus fragiles», selon Matignon. A Arras, on est loin de cette moyenne. Bernard s'occupe de 150 chômeurs, seul, et se trouve «pas trop mal loti». Un collègue cite 200 Avesnes-sur-Helpe, une autre 250 à Roubaix. Son collègue Daniel, ex-Assedic, CGT, ne voit pas comment ce chiffre pourrait baisser : «un point de croissance en moins, c'est 260.000 chômeurs en plus, avec toujours autant de gens pour s'en occuper.»

«En fait, il faudrait  embaucher pour répondre aux flux de candidats qui arrivent. dit Béatrice, lilloise, non-syndiquée, et pas anti-fusion. En plus, on nous demande de recevoir les seniors dès le premier mois, et bientôt les moins de 25 ans aussi. Notre objectif, c'est quand même de faire un boulot de qualité».  Elle n'a pas fait grève aujourd'hui «pour ne pas léser les demandeurs d'emploi. J'avais un rendez-vous important dans une entreprise pour placer quelqu'un». Elle sera gréviste jeudi. 

«Galère». Autre inquiétude, les écarts de salaires entre les contrats publics (ANPE) et les privés (Assedic). Béatrice : «En tant que conseiller, niveau simple, je suis à peine à 1200 euros. Seule avec un enfant, c'est galère. Parfois, je suis face à des gens qui ont les mêmes difficultés que moi». Ses collègues de l'ex-Assedic sont «à 800 euros de plus environ, au même échelon. Je n'ai aucun souci à ce qu'on travaille ensemble, mais il va y avoir un malaise à un moment».

En face d'elle, «de plus en plus» de problèmes psychologiques, «des gens qui se marginalisent, de plus en plus vite. Il y a un problème de déconnexion sociale». Des gens «agressifs», «un tel flux qu'ils n'arrivent pas à s'inscrire, un vrai problème». Elle a entendu parler de fonds pour financer des permis de conduire. «On a rigolé. Ça serait le rêve». Elle a une impression générale de «manque de considération du demandeur d'emploi et des agents. Du foutage de gueule».

Recueilli par H.S.

Photo Reuters (Jean-Paul Pélissier, à Marseille)