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Américains de Lille, plutôt «fiers» d'Obama


POLITIQUE - Avant la victoire d'Obama, il disait qu'il était «belge». Quand on lui demandait d'où venait son «drôle d'accent», Robert Kulp, 75 ans, ancien cadre près de Lille, évitait de dire qu'il était américain, et on le croyait, parce qu'après une trentaine d'années passées en France, il n'a pas un phrasé de cow-boy. Pourquoi ce gentil mensonge, jusqu'au 3 novembre?

«Parce que depuis le 11 septembre et ce qui a suivi, on nous regardait de travers. Désormais, quand je dis que je suis Américain, on m'embrasse». Ils sont loin, mais ils suivent l'affaire de près, par internet, par la télé. Dans la région, ils sont autour de 300 familles américaine. A en croire Robert, fondateur du Club des Américains de Lille, la plupart des Américains de Lille seraient «ravis» de l'élection d'Obama,  Et même si au club des américains de Lille, on «évite de parler politique», Robert, marié à une française pense que la «grande majorité des adhérents» sont «très fiers.»

Fière n'est pas le mot, pour Dawne Whatley, 48 ans, administratrice de biens. Elle pense qu'elle est la «seule républicaine» du club lillois, mais s'empresse d'assurer qu'elle ne «déteste pas» Obama. Elle trouve même que c'est une «formidable figure de proue», et une bonne chose que les Etats Unis «apportent cette différence au monde» . Elle trouve juste qu'un président n'est pas toujours élu «pour ses mérites». «Les gens étaient fatigués de l'administration Bush, et on les comprend». Elle se demande combien de temps l'état de grâce va durer. «Un président qui n'est pas soutenu par le peuple est inefficace. Il aura besoin du soutien du Congrès. Qu'en sera-t-il dans deux ou trois ans?» Convaincue qu' un pays, c'est «un business», et qu'il doit être «dirigé comme on dirige un business», de manière «pratique, et pas émotionnelle».

A Lille, Emilie, 33 ans, prof d'Anglais ici, de père Français, a vécu presque toute sa vie aux Etats-Unis. «Je me sens américaine en France et française aux Etats-Unis, un peu coincée au milieu de l'Océan Atlantique.» Elle, a remarqué qu'on lui demande souvent si elle est «heureuse» la victoire d'Obama, «la grande question». La réponse est oui, «je voulais que ça change. Et j'espère. Même si une personne ne peut pas tout changer», raconte-t-elle avec un accent adorable. L'arrivée d'un noir à la Maison Blanche? «Génial pour l'histoire des Etats-Unis». Cette épouse de militaire ne donne pas son vrai prénom, par «discrétion», et par égard pour le métier de son mari, un des dix militaires américains basé au Centre de Réaction Rapide à la Citadelle de Lille en lien avec l'Otan. Elle trouve que Bush n'a pas fait la guerre «pour les bonnes raisons». Elle n'en dit pas plus. Autre épouse de militaire, Michèle, 38 ans, «supportrice d'Obama», mère au foyer et ancienne enseignante, trouve le nouveau président «parfait orateur, et intelligent».  «En Europe aussi, vous l'aimez bien, je crois.» Elle est arrivée en mai, et n'a pas vu la France d'avant Sarkozy, mais a découvert ici un système de santé «formidable. Chez vous, c'est le patient qui compte. Si vous avez besoin d'un médecin, vous voyez un médecin. Rien à voir avec ce qui se passe aux Etats-Unis, où un tas de gens n'ont pas de couverture sociale».

Retour à Mouvaux chez Robert. Ce démocrate de «toujours», ancien supporter de Kennedy, pense qu'un «autre Bush à la Maison Blanche» aurait été «une catastrophe». Compare le discours «fabuleux, la clarté, les mots», à la fois «pragmatiques et émotionnels» d'Obama le 3 novembre, et l'indigence de Bush fils. «Il ne comprend rien».  Il compare aussi «Obama, enfant de pauvre», et Bush, «un homme gâté qui ne sait pas ce que veut dire travailler, ni ce que c'est qu'être pauvre, et qui ne s'en préoccupe pas». 

Haydée Sabéran