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Mauroy fustige le duo Aubry-Fabius


POLITIQUE - Pierre Mauroy met des bâtons dans les roues de Martine Aubry. Dimanche à La Rochelle, le patriarche socialiste a tenté de faire dérailler le tandem formé de celle qui lui a succédé à la mairie de Lille et de Laurent Fabius. «On a démarré pour que Martine Aubry soit première secrétaire. Mais avec les fabiusiens. ça ne marchera pas», confiait l'ex-Premier ministre, à l'issue du discours de clôture de François Hollande.

Et de prôner un rassemblement plus large avec Bertrand Delanoë, François Hollande, Pierre Moscovici et les barons locaux de la «ligne claire». «Ségolène dira non à tout le monde. Elle n'a pas pris suffisamment ses marques au sein du PS pour en briguer la tête», ajoutait Pierre Mauroy.

Négociations. En clair, il refuse de poser sa signature aux côtés de celle de Laurent Fabius en bas d'une motion commune. Tout juste consent-il à ce que les fabiusiens rejoignent une future majorité au congrès de Reims en novembre. En cela Pierre Mauroy rejoint la position de Pierre Moscovici : pas d'exclusive, mais pas de contact privilégié avec les amis de Laurent Fabius.

Hier, l'entourage de Martine Aubry tentait de minimiser les réticences de Mauroy et de Moscovici, soulignant que l'axe qu'elle forme avec Fabius comprend aussi Arnaud Montebourg et le strauss-khanien Jean-Christophe Cambadélis. Et que des négociations étaient en cours avec Benoît Hamon (gauche du PS) et le pôle écologiste. «Notre démarche est de construire autour d'un projet collectif, sans exclusive et sans ostracisme», rappelait François Lamy, un proche d'Aubry. «Pour ne pas rejouer à Reims le congrès de Rennes, il faut dépasser les anciennes écuries : fabusiens, strauss-kahniens, etc.»

Un exercice difficile pour Pierre Mauroy, 80 ans. «Avec Fabius, il a une vieille haine. Il ne s'attendait pas à ce qu'il lui succède comme Premier ministre [de François Mitterrand en 1984, ndlr]. D'autant que Fabius s'était construit une image d'homme moderne, par opposition à ce qu'était Mauroy, analyse Frédéric Sawicki, professeur à Lille II, spécialiste du PS. Et puis, au congrès de Rennes en 1990, Pierre Mauroy, premier secrétaire, a subi l'humiliation de ne pas avoir pu présenter de motion de synthèse. Un échec qu'il attribue en partie à Laurent Fabius. Il pense que ce n'est pas un homme fiable, et qu'il ne faut pas qu'un accord avec Martine Aubry le remette en selle

Influence. Reste la grande inconnue du magistère qu'exerce encore Pierre Mauroy chez les militants du Nord, une des fédérations les plus importantes de France. Il ne doit pas être négligeable puisque Gilles
Pargneaux, son premier secrétaire, s'est mis en tête de lever «le quiproquo» entre l'ancien et la nouvelle maire de Lille.

La motion «à vocation majoritaire» autour de Martine Aubry, que Gilles Pargneaux appelle de ses voeux, a les mêmes contours que celle décrite par Pierre Mauroy. Sauf que Pargneaux ne rejette pas, a priori, les fabiusiens : «Nous ne sommes pas dans une démarche d'exclusion.» Mais, ajoute-t-il quand même, il n'est pas pour un «tête-à-tête» Aubry-Fabius sur une même motion. Un pas de deux qui ravit les amis de Bertrand Delanoë : «Fabius colle Martine comme un sparadrap qu'elle n'arrive pas à décoller», s'amusait l'un d'eux à La Rochelle.

Matthieu Écoiffier et  Haydée Sabéran