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Le «délinquant» Vanneste poursuit Delanoë


À LA BARRE - Il a connu les tribunaux du côté des prévenus. Christian Vanneste passait hier à l’offensive. Droit comme un «i» dans son costume sombre, fines lunettes sur le nez, il assure qu’il ne compte pas «refaire» la dernière municipale de Tourcoing à laquelle il a été battu au premier tour. Le controversé député (UMP) du Nord poursuivait pour diffamation, au tribunal correctionnel de Paris, Bertrand Delanoë pour les déclarations qu’il a tenues en février à l’occasion d’une visite de soutien au candidat socialiste, Michel-François Delannoy.

Des propos repris sur une vidéo du site Internet du quotidien la Voix du Nord - aussi poursuivi - titrée Delanoë à Vanneste : «On ne rassemble pas quand on est extrémiste.» «Quelle que soit la manière dont on viole la loi, si on a été puni, bah oui, on a été un délinquant […]. Et donc, pour représenter les citoyens et les citoyennes, il faut être exemplaire, il faut toujours respecter la loi», avait aussi asséné le maire (PS) de Paris. «Une formulation parfaitement perfide : tout le monde a compris qu’il me visait», s’étrangle Vanneste. L’allusion aux poursuites dont a fait l’objet l’élu UMP, condamné par la cour d’appel de Douai en 2007 pour des propos homophobes, ne fait certes guère de doutes. «Le fait de traiter un homme politique de délinquant alors que le délit n’est pas encore constitué est une offense grave», réplique Vanneste, qui a formé un pourvoi en cassation. «On n’était pas dans le débat électoral mais dans l’attaque ad hominem», poursuit son avocat.

La défense, elle, avance la «grande prudence» oratoire du maire de Paris, absent à l’audience, qui n’a pas nommément cité Vanneste. «Ce n’est pas l’élu qui était visé, car Bertrand Delanoë se référait à des propos prononcés hors de l’hémicycle. Et la libre expression des hommes politiques doit être encore plus large en période électorale», argue également l’avocat du socialiste, citant un arrêt de la Cour européenne.

La procureure de la République a requis la relaxe au bénéfice de la bonne foi : «Dans le débat électoral, était-il interdit de mentionner ce démêlé judiciaire ?» s’est-elle interrogée. Vanneste, lui, réclame à Delanoë et à la Voix du Nord 10 000 euros de dommages et intérêts. Jugement le16 octobre.

Laure Equy