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Prison : si peu de moyens contre la récidive


SOCIAL - Ils sont chargés de la réinsertion des prisonniers, et en ont marre de travailler à l'arrache. Les conseillers d'insertion et de probation sont entrés en contestation dans toute la France. Sandrine Rocher, du Snepap-FSU,  travaille à la maison d'arrêt de Sequedin : «Notre boulot, c'est de comprendre pourquoi il y a passage à l'acte : si c'est dû à une situation économique et sociale, nous essayons d'éviter que la personne retrouve la même situation à sa sortie. Le problème, c'est que nous sommes toujours dans l'urgence.» SOCIAL - Ils sont chargés de la réinsertion des prisonniers, et en ont marre de travailler à l'arrache. Les conseillers d'insertion et de probation sont entrés en contestation dans toute la France. Sandrine Rocher, du Snepap-FSU,  travaille à la maison d'arrêt de Sequedin : «Notre boulot, c'est de comprendre pourquoi il y a passage à l'acte : si c'est dû à une situation économique et sociale, nous essayons d'éviter que la personne retrouve la même situation à sa sortie. Le problème, c'est que nous sommes toujours

Le mouvement de colère a commencé en avril : «nous attendions beaucoup de la  réforme statutaire, mais elle n'a pas été à la hauteur de nos espérances», explique Tiphaine Mahé, secrétaire générale adjointe du Snepap-FSU, comme sa collègue.  Pas de revalorisation des salaires, 1400 euros nets en début de carrière, 2000 euros à la fin. Et surtout, des journées qui excédent allègrement les 36 heures de service réglementaire. «Une personne a en charge 120 détenus, alors que pour faire un travail effectif et réaliste, il en faudrait maximum 80. Et en milieu ouvert, pour ceux qui sont en liberté conditionnelle, en travail d'intérêt général ou placé sous surveillance électronique, les mesures phare du gouvernement, ils sont 200 !» Sandrine Rocher s'en désole, mais les détenus, elle n'a le temps de les voir qu'à leur entrée en détention, puis à leur sortie. «Nous devrions leur remettre dans la tête le cadre de la loi. On n'arrive pas à le faire, ce travail-là avec eux.» Sinon, elle court. Pour trouver un logement, un travail à ceux dont la libération approche. Ce qui devient de plus en plus compliqué : «Notre réseau partenarial diminue. Dans l'administration de droit commun, les gens sont moins nombreux, et le public justice n'est pas forcément le public prioritaire», soupire-t-elle. Le référent ANPE part, il ne sera remplacé qu'en janvier.
Les conseillers d'insertion et probation demandent des moyens humains et matériels. Ils n'ont pas le droit de grève :  les manifs, c'est pendant les jours de congé. Et pour matérialiser leur mouvement, ils essayent de s'en tenir à leur contrat, et de ne plus faire d'heures sup'. Ils n'y arrivent pas toujours : difficile de jeter la famille d'un détenu, sous prétexte d'action syndicale, quand la demande est urgente. Autant dire que la dernière circulaire, de mars 2008, les fait rire jaune : elle met en place des programmes de prévention de la récidive (PPR). L'idée ? Des groupes de parole pour les détenus condamnés pour agressions sexuelles et délits routiers. «Voilà encore une mission en plus, et pas n'importe laquelle», dénonce Sandrine Rocher. «On en rajoute toujours plus, mais cette fois-ci, la coupe est pleine.» La direction de l'administration pénitentiaire évoque ses efforts de recrutement : 150 personnes cette année. Une magistrate, Mme Tabut, a été chargée d'une mission d'évaluation des SPIP (services pénitentiaires d'insertion et de probation) : elle sera à Arras et à Béthune ce vendredi 20 juin.

Recueilli par S.M.

Photo Reuters : la prison de la Santé à Paris