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Le bilan carbone de mes courses sur un ticket de caisse


ÉCO-TERRE - Paule, secrétaire à Roubaix, regarde son ticket de caisse. «J’ai 9,28 équivalents carbone. Ça doit être à cause de l’emballage de mes yaourts, non ? Et les fruits, je sais pas si c’est par bateau ou par avion. Et puis mes tomates de Belgique, en même temps, elles viennent de pas très loin... Ah, y’a beaucoup de choses auxquelles il faut faire attention.» Chez Leclerc à Wattrelos, on connaît le bilan carbone des produits alimentaires. C’est un chiffre sur fond vert, à côté du prix en euro.

Le bilan carbone du kilo de pomme, ou du paquet de café. Sur le ticket, à côté du total en euros, le total en équivalent CO2. Le supermarché Leclerc de Wattrelos, près de Roubaix calcule la quantité de gaz à effet de serre théorique émise pour produire, emballer, transporter, réfrigérer, stocker, vendre, amener à la maison, et jeter. Le bilan carbone du magasin lui-même, et les trajets en voiture des clients -estimés- sont intégrés au calcul. Près de 20 000 produits sont référencés ainsi à Wattrelos et Templeuve. Une première en France. L’idée, c’est de pousser les gens à consommer des produits de saison, locaux, moins emballés.

Est-ce que ça marche? Pour l’instant, les clients ne s’attardent pas trop sur les étiquettes carbone. «Ils pensent à leur pouvoir d'achat, dit une vendeuse aux rayon fromages». Slimane, ouvrier dans le textile, et son épouse Tassadit, agent d’accueil scolaire, regardent plutôt «les prix et la qualité». Tassadit : «J'ai vu ça dans la facture, j'ai dit «tiens», ma fille m'a dit que c'était pour la planète». «Je prends ce dont j'ai besoin...» avoue Christiane, femme de ménage retraitée à Wattrelos. «Je n'ai pas compris l'histoire du ticket de caisse, mais je nettoie mes pots de yaourt avant de les recycler».

Carole, agent d’entretien à Wattrelos : «Je prends toujours la même chose. Pas le temps de comparer.» C’est qu’on a du mal. Les pommes du Brésil à 1,77 euro le kilo et à 0,86 de carbone, comparées aux pommes de France au même prix et à 0,30 de carbone, ça va. Mais quand le café en dosettes est à 0,30 équivalent carbone et le café en vrac à 0,91, il y a un problème. En fait, c’est parce qu’il y a 250 g de dosettes et 750 g de café, trois fois plus, donc il faut faire le calcul. On calcule, résultat, c'est le même chiffre, 0,90 : parce que l'emballage dosettes n'est pas pris en compte, pour le moment. C'est malin. Ça viendra, dit Greenext, concepteur du système pour Leclerc. Et le bilan carbone au kilo est prévu pour l'été dans les deux magasins.

D'autres limites, dont Leclerc ne se cache pas : la quantité de CO2 utilisée pour la pub du produit n’est pas comptée, mais le bilan carbone du magasin, si. On ne peut pas encore comparer deux marques. Pour deux sodas de 1,5 litre, c’est le même bilan carbone, quelle que soit la marque, pour l’instant, calculé de façon théorique et standard. Et puis aussi, le fait que les tomates de Hollande soit cultivées sous serre n'est pas encore pris en compte. Le système, expérimenté depuis deux mois, s'améliore à mesure que les infos arrivent, la base de données s’affine. L'Ademe souligne que l'intégration d'autres éléments environnementaux, -par exemple le fait qu'une espèce de poisson est menacée- pourrait être une piste de travail.

C'est cher? Le calcul de l’impact carbone d’un produit coûte 50 000 euros. Là, l’opération coûte 300 000 euros pour 20 000 produits. C’est bon pour l’image de Leclerc, et ça ne lui coûte que 150 000 euros, le reste est subventionné par l’Ademe, et la région. L’initiative, finaude, est appelée à être étendue à tous les supermarchés. Elle ne sera payante que lorsque le consommateur n’aura plus besoin de calculer.

Haydée Sabéran