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L'homme séparé


DANSE - Il fait une petite grimace, quand il y pense, vingt ans après. Ça ressemble à une caricature de cauchemar. Le père meurt, la mère tombe malade. L'enfant est placé en pension. Ça dure un an. Quand sa mère passe, tous les dimanches, l'enfant imagine qu'elle va l'emmener, elle repart sans lui. Aujourd'hui, Brahim Bouchelaghem danse. Son spectacle, créé samedi soir à Roubaix, s'appelle El Firak. En arabe, ça veut dire «la séparation». DANSE - Il fait une petite grimace, quand il y pense, vingt ans après. Ça ressemble à une caricature de cauchemar. Le père meurt, la mère tombe malade. L'enfant est placé en pension. Ça dure un an. Quand sa mère passe, tous les dimanches, l'enfant imagine qu'elle va l'emmener, elle repart sans lui. Aujourd'hui, Brahim Bouchelaghem danse. Son spectacle, créé samedi soir à Roubaix, s'appelle El Firak. En arabe, ça veut dire

Deux hommes  sur scène, Brahim Bouchelaghem le Français de Roubaix, et Hichem Serir Abdallah, l'Algérien d'Alger. Entre eux, un mur imaginaire. A l'origine du spectacle, une rencontre, qui a fait resurgir la vieille histoire d'enfance. Il est en Palestine, des danseurs racontent : «le plus dur, c'est de ne pas pouvoir voir la famille, à Jérusalem». Brahim Bouchelaghem : «Je me suis dit que c'était plus grave pour eux. Moi, j'avais des visites le week-end. C'est insensé, comment on peut mettre un mur et séparer un pays? Ils sont en prison chez eux». Il ajoute : «On est pas des super héros, mais on a envie d'en parler. J'essaie de le raconter en dansant. C'est vrai que tant que ça nous touche pas, on s'en fout.» Sur scène il ondule. Une musique de tam-tam se transforme en marche orientale un peu hollywoodienne, on dirait une armée qui avance, puis un enfant qui naît.

Il voudrait que le public y puise ce qu'il veut. Pour lui, ça raconte aussi la Méditerranée, entre les deux danseurs,  et qui a séparé aussi sa mère, française, et son père, algérien. Le racisme en France. Et puis, «en Algérie, on est séparé de nos droits», ajoute Hichem Serir Abdallah. Pendant que le duo dansera, sur les murs, des projections du calligraphe libanais Hassan Massoudy créées pour le spectacle. Des mots, en arabe : séparation, attente, distance, absence.

Haydée Sabéran

El Firak / Zahrbat
Brahim Bouchelaghem
Compagnie Zahrbat
Samedi 31 mai, 20h30, Le Colisée, rue de l'Épeule à Roubaix
Centre chorégraphique national Roubaix Nord-Pas de Calais, 03 20 24 66 66, www.ccn-roubaix.com

La compagnie, Zahrbat, repérée par Carolyn Carlson, est en compagnonnage au Centre chorégraphique national de Roubaix.

Photo Frédérique Massabuau