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A Dunkerque, piquet de grève chez Coca-Cola


ÉCO-TERRE - De temps en temps, un poids lourd passe sur l’autoroute tout près et klaxonne un «ponnnnn» jubilatoire. En contrebas, les ouvriers agitent un bras en direction du routier. Lequel fait coucou. Fabrice Vangrevenynghe, délégué CGT, rigole : «On a beaucoup d’amis, c’est bizarre, je ne savais pas que je connaissais autant de monde.» C’est la zone industrielle de Bergues, à Socx, à deux pas de la petite ville de Bienvenue chez les Ch’tis. Les ouvriers -et un cadre- de Coca-Cola sont en grève. ÉCO-TERRE - De temps en temps, un poids lourd passe sur l’autoroute tout près et klaxonne un «ponnnnn» jubilatoire. En contrebas, les ouvriers agitent un bras en direction du routier. Lequel fait coucou. Fabrice Vangrevenynghe, délégué CGT, rigole : «On a beaucoup d’amis, c’est bizarre, je ne savais pas que je connaissais autant de monde.» C’est la zone industrielle de Bergues, à Socx, à deux pas de la petite ville de Bienvenue chez les Ch’tis.

Et pour la première fois, il y a un piquet de grève. En face du sigle rouge de la marque, entouré des drapeaux des syndicats, et devant l’usine, immense hangar bleu gris aveugle, un brasero, deux tentes de jardin. «Quelqu’un peut aller chercher des frites ?» Cinquième jour de grève, un record sur ce site. Les traits tirés de fatigue. «On se relaie jour et nuit, week-end compris, on a pris nos horaires de poste», dit un ouvrier.

TGV. Aucune boîte ni aucune bouteille de Coca-Cola ne sort du site dunkerquois depuis jeudi, 13 heures. Ici, c’est 6 000 boîtes par minute, 200 camions par vingt-quatre heures. En France, quatre boîtes de Coca sur cinq sortent du site de Dunkerque. Grève calme. On parle en petits groupes, sans colère. Les grévistes réclament 6 % d’augmentation de salaire, et 80 euros d’intéressement par mois. Les salaires tournent autour de «1 160 euros nets, salaire d’embauche, dit un salarié. Moi, je suis à 1 500 euros après quinze ans.» Selon l’intersyndicale, 95 % des ouvriers en CDI sont en grève (la direction parle, elle, de 40 % de grévistes). Ils bloquent les sorties de camions, ainsi que les CDD et les intérimaires, tant qu’ils n’ont pas vu leurs contrats. Les grévistes disent avoir décelé au moins trois irrégularités hier et réclament ce qu’a décroché le site de Marseille, d’après l’intersyndicale CGT-CFDT-CFTC-FO. «Ils l’ont obtenu, eux, parce que l’arrivée du TGV à Marseille a fait flamber les prix de l’immobilier. Très bien. Mais nous aussi, à Dunkerque, on a le TGV.» Fabrice Vangrevenynghe (CGT ): «Notre site a fait 47 millions d’euros de bénéfices en 2007. Ce n’est pas une année exceptionnelle, c’est une année historique, une augmentation de 39 %. On a eu 1 500 euros d’intéressement en 2006. Et en 2007, zéro. En salaire, on nous propose + 2,5 %, moins que l’inflation.» La direction conteste le chiffrage et assure qu’elle propose 5 à 6,5 % d’augmentation de salaire, «en moyenne». Et précise que les hausses «ont toujours été au-dessus de l’inflation». Benoît Tassart, de la CFDT : «Moi, je suis content de travailler dans une boîte qui gagne de l’argent. Ça veut dire qu’elle est saine. Mais il faut répartir les richesses.»

Choqué.
Anne, 27 ans, ancienne secrétaire, 1 200 euros nets, prime comprise, pilote une machine au soufflage des grandes bouteilles. Son compagnon est marin. «A deux CDI, on n’arrive pas à acheter notre logement.» Frédéric, sept ans de maison, dont trois d’intérim : «Ce qui nous choque, c’est que les actionnaires se goinfrent quand les ouvriers maigrissent.» Le piquet de grève applaudit C’est l’arrivée d’une quarantaine de salariés du centre de reconditionnement de Petite-Synthe, qui rejoint les autres pour leur premier jour de grève.

Haydée Sabéran

Photo Aimée Thirion