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Lille 3, le dialogue bloqué


ÉDUCATION- Ça caille à Lille 3. Dehors, il y a du sel par terre pour éviter de glisser sur la dalle verglacée. Dedans, c'est conférence de presse des étudiants. Amphi glacé aussi, pourtant rebaptisé «EDF», pour rire, et rappeler que la Loi Pécresse fait entrer l'entreprise à la fac. Ça caille et c'est crispé, parce que c'est blocage. De l'université, bien sûr, avec des chaînes à certaines portes, des étudiants à d'autres portes, des montagnes de chaises empilées. Mais du dialogue surtout.

On se cause plus entre les étudiants en grève et le président de l'université, Jean-Marc Dupas. Entre les deux, des milliers d'étudiants, restés chez eux pour la plupart, à réviser leurs cours.

La cassure date de lundi dernier, le 3, quand les étudiants et la direction ont cessé d'organiser les votes ensemble. «L'AG a voté pour une consultation organisée par les étudiants», indique Dorothée, étudiante gréviste. Plusieurs reproches au président de la fac : «Il ne voulait pas prendre en compte le vote des gens de l'IUFM, et celui des personnels administratifs, il n'a pas communiqué sur le vote contre la loi Pécresse, qui a montré que 76,8% des étudiants de Lille 3 sont contre». Le président refuse de communiquer pour l'instant.

Les étudiants, eux parlent. Essaient d'expliquer pourquoi ils sont contre la loi. «C'est aux chefs d'entreprise de prendre en compte nos diplômes, et non pas aux diplômes de s'adapter aux entreprises» traduit Jeanne. Et certains, pourquoi ils la bloquent. Pas de gaité de coeur, selon les bloqueurs eux mêmes. «Bloquer une université c'est très violent pour nous. Nous savons que les étudiants les plus défavorisés vont être en difficulté» assure Nathalie Beauvois, professeur de littérature française, aux côtés des étudiants grévistes. La fac n'est pas bloquée pour ceux qui préparent les concours, les prépa sciences po, capes, IUFM, agregations, les master 2 recherche, et les master 2 professionnels, précise Dorothée.

Le dernier vote, lundi 10 organisé par les étudiants, par portail (les pour passent pas une porte, les contre par une  autre, comptés par deux pro blocage et deux anti) a donné 1271 pour, 1146 contre. «L'AG ne représente pas des étudiants extrémistes favorables au blocage, l'AG représente tous les étudiants, tout le monde peut venir», insiste Dorothée. Une semaine plus tôt, l'administration avait organisé un vote à bulletin secret au résultat inverse : 594 pour 1052 contre. Jean-Claude Dupas avait indiqué par communiqué que les cours reprenaient jeudi. Les bloqueurs ont accueilli les étudiants avec des portes closes. Et puis, lundi, le président s'est montré menaçant. Il accuse les AG de se parer d'une «souveraineté autoproclamée», et indique qu'elles ne sont plus «des interlocuteurs fiables». Il indique aussi que «jusqu'à présent» il s'est refusé à faire intervenir les fores de l'ordre. Tout le monde a compris le sous-entendu.

Et les examens? «La date des examens terminaux, début janvier, est maintenue. Le contrôle continu, lui, est repoussé aux trois premières semaines de janvier. Les étudiants sont invités à consulter les affichages, UFR par UFR», indique Nathalie Beauvois, professeur de littérature française. Il se dit que certains profs choisiront entre devoir sur table ou devoir à la maison pour valider le semestre. Le président le l'université, lui, assure que «les exigences relatives aux programmes et aux compétences visées, sont maintenues». Pour le reste, si tout va bien, samedi, dès midi, repas de quartier, slam, et débats devant le collège Léon Blum. Et puis lundi, 10h30, assemblée générale, pour décider de la suite.

H.S.