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Martin Hirsch et la centrifugeuse


EXCLUSIONS - «On a fait marcher la centrifugeuse, qui envoie à la périphérie les moins rentables». Au micro, le très souriant Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives, et ancien président d'Emmaüs France. C'était hier, vendredi 16, en terrain ami à Emmaüs Artois, dans le cadre de la semaine de la guerre à la misère, devant un parterre conquis. Morceaux choisis.

Chocottes. «Le problème de la centrifugeuse, c'est que s'il y a trop de gens au bord, ça freine le système. Notre opporunité, c'est ça : les gens commencent à avoir les chocottes». Martin Hirsch est venu raconter sa proposition de «revenu du solidarité active», d'abord expérimenté dans l'Eure et la Côte d'or, étendu à 17 départements, puis au début de l'an prochain dans 25 autres, dont le Nord et le Pas de Calais.

Hirsch résume l'idée, sourire toujours accroché : «Quelqu'un qui touche autour de 500 euros de minima sociaux, s'il trouve un travail à mi-temps qui lui rapporte 500 euros, n'aura pas intérêt à aller travailler. Alors on lui laisse jusqu'à 70% de ce qu'il touchait. Au total, il gagnera 850 euros». Objectif : réduire la pauvreté d'un tiers en France. «Il faut moins de gens scotchés à 600 euros par mois. On peut aussi l'appliquer aux travailleurs pauvres».

Manettes. Sûr qu'une prise de conscience a pris, que la centrifugeuse peut arrêter de tourner. «Avant, les gens voulaient bien vous écouter quand vous disiez «la situation est grave». Maintenant, ils se rendent compte du problème parce que la crise atteint les enfants de ceux qui tiennent les manettes. Quand ils voient que leurs enfants ont du mal à se loger, alors qu'ils ont un boulot et qu'ils ont tout fait bien, par exemple. Ça a pris dix ans». Dans le Pas-de-Calais, on expérimentera sur trois territoires : l'Arrageois, le Montreuillois et le Ternois, soit 6000 RMIstes (388 euros pour une personne seule), et 1000 bénéficiaires de l'allocation parent isolé (748 euros pour un enfant à charge). Selon le conseil général, près de 2 300 d'entre eux pourraient être éligibles au RSA.

Contrats aidés. Sur le sujet qui fâche, il annonce une table ronde dans dix jours,  «entre Etat, et utilisateurs». En chute libre partout, les contrats aidés, précaires, faisaient tourner les associations, et remettaient les gens au travail. Explication? «Dans la sphère publique, les statisticiens  nous disent que dans 80% des cas, les gens se retrouvent à la case départ après 18 mois de travail. Ils en concluent que ça ne sert pas à grand chose. Dans le secteur marchand, c'est l'inverse, 80% ont un emploi pérenne. Là aussi, ils disent que ça n'a pas servi à grand chose, puisque huit fois sur dix l'entreprise aurait embauché de toutes façons. Mais nous on arrive en disant : "Les gens, ont les a vus se transformer". Donc il faut changer la manière dont sont faits ces contrats».

Le Haut commissaire ajoute qu'il est «immoral d'appliquer une règle qui n'a pas de sens. On ne peut pas dire que la règle c'est l'insertion, si le résultat c'est la désinsertion». Et puis bon, «travailler plus pour gagner plus, ça doit s'appliquer à ceux qui travaillent pas du tout pour rien gagner».

H.S.