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Etudiants, combien de divisions?


ÉDUCATION - Il y en a une qui doit être contente, c’est Valérie Pécresse : l’union des adversaires à sa loi sur l’autonomie des universités a volé en éclats. Certains délégués Unef de la coordination, réunis ce week-end pour décider des suites du mouvement, ont en effet claqué la porte. Combien ? Même sur ça, ils ne sont pas d’accord.

«Une cinquantaine, sur 150 délégués, sont partis», estime Juliette Griffon, porte-parole de l’Unef, qui pense qu’il restait «une dizaine d’Unef à l’intérieur». Simon, délégué Unef,  toujours présent, juge, à la louche, qu’une vingtaine sont partis, et autant restés, «sur 222, et non 150», précise-t-il. La coordination, elle, estime à une trentaine les Unef qui sont restés. En gros, ceux qui sont toujours là seraient des Unef «Tuud» («tendance Unef, unitaire et démocratique», contre la négociation avec Valérie Pécresse), et les autres des Unef «majo», majoritaires, plus réformistes, et favorables à la négociation.

Soupçons. La coordination a appelé l’Unef à revenir, qui a refusé. En tout cas, le résultat est là : l’unité de façade, entre l’Unef et entre autres, SUD, la CNT et les non-syndiqués, c’est fini. C’était pourtant parti dans l’enthousiasme à Lille-I. Les étudiants ont réussi à dormir jusqu’à quatre heures d’affilée, dans les amphis, sur les lits de camp prêtés par la mairie de Villeneuve-d’Ascq. Les dons des syndicats ont afflué, des employés de la fac ont débarqué avec des cabas pour nourrir les petits jeunes… Tout a commencé samedi après-midi, à l’accueil des délégués. Les organisateurs soupçonnent certains de ne pas être légitimes, et de s’autoproclamer délégués, sans mandat. Une histoire circule : une étudiante, qui représentait une fac de Saint-Etienne la semaine dernière à Tours, s’est présentée au nom d’une fac de Mulhouse cette fois-ci. «Une Parisienne l’a reconnue. Elle est avec elle en TD à la Sorbonne», explique Gaëlle, proche de la coordination.  Une dizaine de personnes ont été exclues, pour la plupart adhérents de l’Unef.

Reproche. «Cette histoire de légitimité est un prétexte, insiste Julien Bruneel, secrétaire général de l’Unef du Nord. C’était aux délégués de l’Unef de prouver qu’ils étaient élus par une AG. Bizarrement, pour les autonomes, il y avait une plus grande tolérance.» Ce qui est reproché aux délégations «litigieuses» ? «Des temps de parole de 15 km de long, pour pourrir le débat», résume Gaëlle. «Une tentative de noyautage, pour ne pas perdre la main», ajoute Vincent. Pour Juliette Griffon, de l’Unef, c’est la coordination qui a «brisé l’unité». Elle parle d’un climat «de tension et de violence qu’on ne peut pas accepter». Exemples ? Des délégations «litigieuses» avaient été remisées dans une salle sur le tableau noir où était inscrit «bienvenue au goulag», en attendant qu’on décide de leur sort.

«Vote à l’arrache». Le climat s’est dégradé avant même le week-end. «A Lille-III, pour l’élection de nos représentants, il y a eu un vote à l’arrache vendredi à 15 heures, dans une ambiance contre-Unef, avec tout au plus trente gauchistes dans la salle, reprend Julien Bruneel. Cinq personnes se sont présentées dont moi, et auraient dû être toutes élues, en toute logique. L’AG a préféré organiser un vote séparé, un par un, quitte à avoir un délégué de moins à la coordination.» C’est-à-dire lui-même.

Les débats étaient fermés à la presse. Hier, en fin d’après-midi, Kahina, Sarah, Clémence, Houssan, Jean-Marie, JB, et Aurélien, élus, ont déclaré, entre autres, que la coordination était «la seule légitime» pour représenter les étudiants, et demander à l’Unef de réclamer «l’abrogation de la loi Pécresse, et de cesser toute négociation jusqu’au retrait». Elle appelle à se mobiliser le 27 novembre, à une manifestation étudiants-lycéens le 29, une journée de solidarité avec les sans-papiers le 3 décembre, une mobilisation interprofessionnelle le 4.

H.S.